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en veut, mais à l’avidité insatiable des patrons qui préparent la ruine de l’ouvrier en donnant du travail aux femmes.

Ô Français ! lycéens éternels, surtout quand vous n’avez pas été sur les bancs du lycée !

Les ouvriers de M. Crété vont ruiner un patron qui n’est en rien leur ennemi, chez qui ils sont entrés sans contrainte, un homme qui leur donne à vivre, un homme dont ils ne peuvent que se louer personnellement ; et cette mauvaise action qu’ils préparent, ils n’ont pas même le triste honneur de l’avoir décidée eux-mêmes : ils la feront pour obéir à un ukase de la Société typographique !

Les ouvriers de M. Crété vont mettre sur la paille un certain nombre de femmes qu’ils connaissent, avec lesquelles ils travaillent, dont ils ont pu apprécier le courage et plaindre la misère. Car enfin ce n’est pas pour leur plaisir que ces pauvres créatures se noircissent les mains dix heures par jour à manier le caractère. Les femmes n’ont pas tant de métiers honnêtes à choisir en 1865 ! N’importe ! il est décidé que celles-ci mourront de faim, et ce sont leurs compagnons, leurs camarades d’atelier qui exécuteront l’arrêt de la Société typographique.

Les ouvriers de M. Crété, en frappant leur patron et leurs compagnes de travail, vont se mettre eux-mêmes sur le pavé pour un temps plus ou moins