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sont exemptés du devoir de la justifier. En leur refusant le droit de discussion, l’État les autorise à faire tout ce qui leur plaît, juste ou injuste.

Certes l’État serait un grand coupable s’il avait mis tant de citoyens au-dessus ou au-dessous de la loi morale. Non-seulement les typographes, mais tous les ouvriers, voire tous les Français, sont soumis au même régime en matière de discussion.

Mais est-il vrai qu’un ouvrier ne puisse toucher aux matières d’économie sociale sans encourir un mois de prison ? Il y aurait donc à la suite du code pénal un supplément rédigé tout exprès contre les ouvriers ? S’ils sont régis par la loi commune, ils ont le droit d’écrire et d’imprimer tout ce qui leur semble vrai en matière d’économie.

L’ouvrier qui trouvera moyen d’améliorer le sort du peuple sans violer aucun droit légitime ne risque pas d’aller en prison ; on l’enverrait plutôt au Sénat pour sa peine.

Mais si le remède n’est pas bon ? — Dame ! on vous le laissera pour compte, après avoir démontré qu’il est mauvais. Craignez-vous que l’on vous punisse pour vous être trompés ? On sait partout qu’erreur n’est pas crime. Publiez demain soir que deux et deux font cinq, le juge d’instruction ne songera pas même à informer contre vous. Mais si vous imprimez quelque chose comme ceci : « Frè-