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III

Savez-vous rien de plus charmant que ce petit tableau de famille en plein air ?

La scène représente un contre allée du bois de Boulogne. Un grand jeune homme de vingt ans, beau garçon, cavalier parfait, galope côte à côte avec une jeune fille de seize dix-sept. À cinquante pas en arrière, un serviteur en livrée les accompagne. Rien de plus honnête et de plus fier que le visage de l’adolescent ; rien de plus chaste que la physionomie de sa jeune sœur je vous défie de trouver deux fronts plus purs dans la troupe des archanges, cette cavalerie céleste. Le frère est si glorieux de son rôle, qu’il n’hésiterait pas à cravacher dix mille hommes en l’honneur de sa petite compagne. La sœur, animée doucement par la course, hume l’air avec un appétit charmant ; les ailes de son petit nez se dilatent et frémissent ; ses yeux brillent d’un éclat inusité ; à la joie de se sentir vivre s’ajoute une petite pointe d’orgueil bien légitime. Elle sait qu’on la regarde et qu’elle n’a rien à redouter de l’examen le plus sévère. Son cheval est de pur sang, son frère est très-gentil, la