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rence une besogne qu’elles font aussi bien que vous.

Prétendrez-vous qu’elles vont sur vos brisées et qu’elles envahissent un terrain où vous étiez les premiers occupants ? Il y a chez M. Crété des femmes qui composent depuis quinze et vingt ans. Ceux qui pensent à les déposséder ne sont certes pas tous aussi vieux typographes : si le reproche d’usurpation doit tomber sur quelqu’un, c’est sur les plus jeunes d’entre eux. Il arrive souvent qu’on aborde une profession sans savoir si l’on y trouvera de l’ouvrage ; on compte trop sur la marche du progrès, on s’abuse sur les accroissements probables de la consommation, la carrière s’encombre ; il y a plus d’appelés que d’élus. Dans ces occasions, malheureusement assez communes, le trop-plein doit s’éliminer de bonne grâce et chercher fortune ailleurs. C’est au distributeur de la besogne, au patron, qu’il appartient de choisir librement les collaborateurs qui lui sont les plus utiles. Le travail, le gagne-pain devient pour ainsi dire le prix d’un concours. L’industrie a ses fruits secs comme l’École militaire ou l’École polytechnique. Le seul parti qu’ils aient à prendre est de revenir sur leurs pas et de chercher fortune ailleurs.

Je ne dis pas que vos patrons soient guidés uniquement par l’esprit de chevalerie lorsqu’ils