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alimentaire, et destinés à nourrir un nombre invariable d’affamés, votre argument signifierait quelque chose. Nous compterions ensemble les brevets existants, puis les bouches à nourrir dans la typographie ; et, après constatation du déficit, nous dirions à l’État : Vous êtes responsable. Hâtez-vous de créer tant de brevets nouveaux, car il y a tant de typographes qui manquent de travail. Et l’État, j’en réponds, se ferait un devoir de nous satisfaire au plus vite.

Mais vous savez fort bien que la création de mille brevets nouveaux ne ferait pas gagner un sou de plus à ceux qui travaillent, ne donnerait pas une heure d’occupation à ceux qui cherchent de l’ouvrage.

Si l’on triplait demain le nombre des boulangeries de Paris, la production du pain n’augmenterait pas d’un kilogramme. Si quarante patrons se mettaient à fabriquer des machines comme les Schneider du Creuzot et les Kœchlin de Mulhouse, il ne naîtrait pas dans l’année une locomotive de plus. Si deux cents nouveaux imprimeurs, munis d’un brevet neuf, déclaraient la guerre aux Lahure, aux Claye, aux Serrière, il ne s’imprimerait pas dans l’année une feuille de plus. Pourquoi ? Vous le savez : parce que la production ne varie pas avec le nombre des producteurs : elle ne subit qu’une loi, celle de la demande. Les boulangeries de Paris, qu’elles soient