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saires, nous paraît excellent dès qu’il peut nous servir.

Les typographes en ont un, qui s’est rencontré fort à point pour le besoin de leur cause. Ils le faisaient valoir il y a trois ans contre M. Paul Dupont ; ils le tournent aujourd’hui contre M. Crété ; ils courent risque de s’en servir longtemps si le bon sens d’un homme désintéressé ne leur en montre une bonne fois l’inanité profonde.

Le voici, tel que je l’ai entendu formuler souvent par les typographes eux-mêmes, et j’avoue qu’à la première audition il m’avait un peu troublé, car il est spécieux. D’ailleurs il faut qu’il ait bonne apparence pour avoir séduit et trompé cinq mille travailleurs intelligents.

« Notre industrie, disent les typographes, n’est pas une industrie comme une autre, car elle est privilégiée. Entendons-nous bien sur le mot : nous ne sommes pas les bénéficiaires du privilége, nous en sommes les victimes. Les brevets d’imprimeur existent en nombre déterminé ; nos patrons les achètent, les exploitent et nous font travailler en vertu du monopole qu’ils ont acquis. Nous sommes donc parqués, pour ainsi dire, dans un domaine étroit, et nous y sommes en si grand nombre que nous y trouvons bien juste à vivre. Les ouvriers typographes suffisent amplement au travail de leur partie, le travail suffit à peine à nourrir les ouvriers.