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Je suis de leur bord, et si bien que dès ce soir je plaiderai leur cause.

— Vous la plaiderez mal.

— Et pourquoi ?

— Parce que vous manquez de colère contre les auteurs de cet absurde, injuste et cruel ultimatum.

— Eh ! monsieur, l’unique auteur de tout le mal qui se fait ici-bas s’appelle l’ignorance. Un homme bon, mais ignorant, est exposé à commettre de bonne foi cent sottises nuisibles aux autres et souvent à lui-même. Lâchez une idée, une phrase, un mot dans une tête mal en ordre, c’est assez pour y produire des ravages incalculables. Pour que nous arrivions à faire le bien tout naturellement, sans effort, sans hésitation, sans erreur possible, il faut que nous ayons le cerveau tout planté d’axiomes solides, de vérités incontestables, d’idées bien claires et bien définies. Que vous dirai-je ? il faut allumer tant et tant de chandelles sous le crâne des gens, qu’un paradoxe n’y puisse entrer sans se brûler aussitôt les ailes.

— Allumez ! allumez ! mais il faudra du temps. Nous avons mis plus de trente années, vous et moi, à faire collection de lampes, de flambeaux, de lustres et de girandoles ; c’est pourquoi la question du travail des femmes nous paraît plus claire qu’aux typographes de Paris. Emploierez-vous