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fait est notoire. La Société typographique recommence aujourd’hui chez M. Crété, imprimeur à Corbeile, la guerre injustifiable qu’elle avait essayée en 1862 chez M. Paul Dupont. Elle menace un honorable imprimeur de mettre sa maison en interdit, c’est-à-dire de le ruiner, s’il ne renvoie les femmes qu’il occupe depuis quinze ou vingt ans en qualité de typographes. »

Celui qui me contait cette nouvelle est un homme sérieux. S’il manque d’enthousiasme pour la nation française, je le sais incapable de la calomnier de parti pris. Et pourtant je fus tenté de lui répondre qu’il se moquait de moi, qu’il abusait de mon isolement et de mon ignorance des choses actuelles. Il me semblait impossible que cette prétention injuste, illibérale, illogique au premier chef, eût repoussé au bout de trois ans comme une maladie mal soignée.

Il vit que je doutais encore, et il tira deux journaux de sa poche : c’était la France et l’Avenir national. « Lisez, dit-il, et vous constaterez que toutes les opinions sont unanimes à blâmer cette folie. Les publicistes français trouvent moyen de se chamailler à propos de tout, mais, grâce à Dieu il n’y a plus de partis en face d’une iniquité si flagrante. Ah ! vous avez encore beaucoup à faire pour inculquer à votre élite les notions élémentaires du droit ! Et dire que dans cette Société typographique il y a des