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tagne. Aussitôt débarqué, chacun prend ses jambes à son cou et monte joyeusement vers la région du bon air. J’ai vu, ces jours derniers, dans un pays perdu, au bout du monde, un chalet dont la bâtisse et les dépendances ont coûté cent mille francs.

Comprenez-vous qu’on installe une auberge d’un tel prix dans un hameau de six maisons qui s’appelle le Hohwald, c’est-à-dire la forêt haute ? Hé bien ! la propriétaire aura tout payé l’an prochain. Elle n’avait pas un centime au début ; son mari, un pauvre garde assassiné dans la forêt, l’avait laissée sans ressource, avec un fils. Elle a trouvé du crédit, elle s’est mise à héberger les touristes de la montagne au prix de cinq francs par jour. Sa maison ne désemplit pas de tout l’été ; il faut s’inscrire un mois à l’avance. Il est vrai que la cuisine est meilleure au Hohwald qu’à Sainte-Odile et le logement plus propre.

J’insiste sur cet exemple, pour prouver aux habitants des Vosges que leur tour est venu, que les montagnes seront bientôt à la mode, et qu’ils doivent se mettre en mesure d’héberger convenablement cent mille chercheurs de santé. Quant à vous Parisiens, qui lirez ceci dans deux jours, ai-je besoin de vous prouver qu’on vit heureux sur ces montagnes ? Notre séjour au couvent de Sainte-Odile en dit plus long que tous les discours.