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tudes assidues. Non-seulement il l’habite, cet honnête homme, mais il l’entretient, la répare et la restaure avec intelligence dans le plus pur style du temps. Toute cette face des Vosges qui regarde le Rhin, depuis Colmar jusqu’à Saverne, est une fourmilière de belles choses, merveilles de la nature et chefs-d’œuvre de l’art.

Sainte-Odile, où nous sommes, est la sentinelle avancée des Vosges, la tête de l’Alsace. Les Romains l’ont fortifiée, après les Druides ; on reconnaît encore les ruines de leur castellum. Le premier duc d’Alsace y résidait au septième siècle. Cet Adalric, ou Atticus, ou Étichon, qui est l’ancêtre commun du comte de Chambord, du comte de Paris, de la reine d’Espagne, du grand-duc de Bade, de l’empereur d’Autriche et du dernier roi de Naples, faisait ses bombances seigneuriales sur le plateau où nous avons si mal déjeuné ce matin.

C’est lui qui fut le père de sainte Odile et qui la condamna à mort, dit la légende, parce qu’elle était née aveugle. Mais Odile fut sauvée par sa mère Berswinde, qui fit tuer une jeune vassale à sa place ; elle reçut une éducation chrétienne dans un cloître de la Franche-Comté ; elle recouvra la vue le jour de son baptême ; elle se réconcilia avec son père, qui voulut la marier malgré elle, et la poursuivit comme une biche, à courre, pour la livrer au mari de son choix. Mais les anges veillaient