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un peu trop dans cette belle France, nous avons sur toutes ces montagnes une collection de vieux châteaux historiques que le voyageur le plus infatigable ne pourrait point cataloguer en trois mois.

Il y en a de tous les temps et de tous les styles, mais la plupart construits entre le douzième et le quatorzième siècle. Les uns s’étalent à ciel ouvert au sommet d’une montagne : les autres sont enfouis sous les arbres et paraissent d’autant plus poétiques que des sapins géants ont pris racine dans leurs murs. On vous montrera dans la même demi-journée une demeure seigneuriale, opulente, quasi princière comme le Landsperg, et un nid de vauriens ténébreux comme le Dreystein.

Nos forêts sont littéralement peuplées de ces petits repaires qu’un brigandeau faisait construire en lieu inaccessible pour serrer son butin et protéger sa personne. On n’habitait pas ces terriers, on s’y retranchait. Les princes ne les assiégeaient point ; il y aurait eu trop à faire : ils coupaient une forêt, l’amoncelaient autour du château imprenable, et enfumaient le brigand comme un renard. Les murs, construits en prévision de l’incendie, ont souvent deux mètres d’épaisseur et plus.

Nous n’avons qu’à tourner autour de notre gîte pour rencontrer le Landsperg, le Dreystein, et dix autres ruines aussi curieuses, comme le Hanfmatterschloss, le Hagelschloss, Birkenfels, le Nieder-