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M. Allan Kardec a publié le Livre des Esprits, dicté par les esprits ; les esprits ont daigné même en corriger les épreuves. On ouvre le volume, et l’on n’y trouve qu’un gâchis de phrases pâteuses ; pas une idée nouvelle, et pas plus de style que dans un numéro du journal l’Avenir ! Était-il nécessaire de déranger les esprits pour si peu ?

Mais vous, monsieur, vous venez de manquer une belle occasion de venger la doctrine. Au moment d’apparaître devant le public libéral, instruit et peu mystique de l’Opinion nationale, il fallait évoquer l’esprit de Paul-Louis Courier.

Gavarni, un esprit vivant, a écrit une belle parole qui me revient en tête à chaque instant depuis que j’ai commencé cette lettre :

« Mangeux et mangés, c’est l’histoire ancienne ; blagueux et blagués, c’est l’histoire moderne. »

Si j’étais né au temps de l’histoire ancienne, j’aurais pris le parti des mangés contre les mangeux. En 1865, il n’y a qu’une chose à faire : défendre les blagués contre ceux qui les blaguent.

Vous prétendez qu’en agissant ainsi j’attente à la liberté, et vous pensez ameuter contre moi la classe paisible et nombreuse des dupes. Distinguons, s’il vous plaît. Il y a deux éléments dans le spiritisme, et ce n’est pas attenter à la liberté des moutons que de crier : au loup !