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nistrateurs, se groupent, développent, combinent leurs masses et s’avancent en bon ordre. Sur le flanc, et comme s’ils remplissaient le rôle des tambours et des clairons, les romanciers, les poëtes, les artistes animent les combattants par leurs récits et leurs chants. Les archéologues, les linguistes, les historiens se tiennent à l’arrière-garde pour réduire les contradictions et les résistances du passé que l’armée du progrès franchit sans s’y arrêter, certaine que ses conquêtes futures feront rentrer sous sa loi tout ce qu’elle laisse en arrière.

« Voilà le spectacle magnifique que présente notre époque ! »

Ami lecteur, ce n’est pas moi, et je le regrette, qui ai exprimé en style si noble une si belle pensée. C’est M. Charles Duveyrier, un général de l’armée, où je sers tantôt à l’avant-garde, tantôt à l’arrière-garde, tirailleur, éclaireur, enfant perdu, clairon, toujours simple soldat et content de porter l’épaulette de laine, mais fermement résolu à ne jamais me perdre dans la foule honteuse des traînards.

Les paroles que j’ai citées en commençant (comme les prédicateurs du vieux monde citaient un texte d’Évangile) ont été prononcées dans une conférence de la Société polytechnique. L’auteur les a publiées depuis peu dans une brochure de