Page:About - Causeries, deuxième série.djvu/244

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

comme vous et moi, sauf la dextérité qui les distingue, et qu’ils ont assez d’esprit dans les mains pour délier leurs ficelles sans l’intervention des farfadets en chambre. Il défie ces messieurs de recommencer leurs exercices sur un théâtre, avec de vraies ficelles, vraiment nouées autour des mains. Il met sa petite salle à leur disposition, se charge de tous les frais et consacre le prix de la représentation au soulagement des aliénés.

Mais les frères Davenport ne sont pas venus d’un bout du monde à l’autre pour enrichir les fous ; au contraire.

Ces hommes supérieurs à l’homme, ces maîtres du monde surnaturel, ces colonels de l’armée subtile qui voltige incessamment sur nos têtes, ces deux puissants seigneurs qui pourraient envoyer quatre génies et un caporal chez M. de Rothschild pour dénouer la ficelle de tous les sacs, refusent énergiquement d’opérer un phénomène au profit des malheureux. Ce n’est pas la publicité qui les effraie, c’est la gratuité. Leur dignité de thaumaturge se révolte à l’idée de travailler dans le miracle « sans rétribution aucune. » Ils sont d’un pays où tout se paye, et où le merveilleux atteint surtout des taux élevés. Leur temps est de l’argent ; ils le disent en accusant M. Robin de se montrer prodigue de l’argent d’autrui.

Pourquoi ne sont-ils pas plus conséquents avec