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donc les enrichir, et l’on se jette dans les affaires. Il en est de tout genre, de toute qualité, depuis les spéculations de bourse jusqu’à la politique et aux emplois.

Un bon père aujourd’hui travaille, fût-il riche, pour assurer l’avenir de ses enfants. Il veut gagner une dot à sa fille ; il se jette dans la politique et accomplit les douze travaux d’Hercule pour procurer une bonne sinécure à son fils.

Car il est à noter que les pères de notre temps ne comptent pas beaucoup sur l’activité de messieurs leurs descendants.

Michel Letellier comptait sur le sien ; il le faisait piocher comme un manœuvre aussi ce fils fut-il Louvois. Colbert ne gâtait point le marquis de Seignelay, qui devint sous ses yeux un excellent ministre.

Aujourd’hui, l’idéal des pères prévoyants est un emploi tranquille et bien rétribué, une recette générale ou tout au moins particulière. Cela n’exige pas un grand effort d’éducation. Pourvu que l’enfant se porte bien et qu’il atteigne sa majorité sans encombre t Le père se démène, il s’intrigue, il se pousse, il poursuit la faveur, il l’atteint, il la conserve, il s’y cramponne, et il revient de temps à autre à la maison savoir des nouvelles de son fils.

J’exagère ; je le sais bien. Mais si vous aviez une maladie dans le sang, je ne vous la montrerais pas