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une sorcière, un médium femelle, et lui dit : « Évoquez-moi un mort un peu intelligent, que je le consulte sur mes affaires. » C’est l’histoire de Saül. La sorcière évoque l’âme de Samuel ; cette âme est visible comme un corps, elle parle comme si elle avait des poumons, un larynx, une langue et des lèvres, et elle annonce l’avenir comme si elle l’avait lu dans ses papiers.

Voilà l’heureuse invention qu’on s’applique à ressusciter aujourd’hui. À quel propos ? Pourquoi ? Mais pour faire des dupes et soutirer l’argent des sots ; rien n’est plus simple.

La pauvre pythonisse d’Endor voit Saül tout défait, atterré, presque malade après l’évocation. Elle l’oblige à se reposer, elle tue un veau gras, le seul qu’elle ait chez elle ; elle pétrit du pain sans levain et répare les forces du roi. (Rois, xxviii, 22 à 25). La Bible ne dit pas qu’elle ait été payée. C’était une Juive, pourtant. Nos médiums, qui sont chrétiens, ne travaillent pas au même prix.

N’est-il pas singulier qu’en 1865, lorsque l’humanité entière court à grands pas vers le progrès, quand l’esprit positif envahit tout, quand le bon sens vient tout soumettre à son contrôle, quand toutes les sciences, débarrassées du fardeau des niaiseries antiques, se lancent résolument dans la route du vrai, une petite église borgne entreprenne de ressusciter les farces surnaturelles ?