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simple, qui se recommande par plusieurs années de pratique et de succès à l’étranger.

J’ai parcouru, à quelques lieues d’ici, des plaines où le gibier foisonne tellement, qu’il faudrait faire exprès et être très-adroit pour en sortir bredouille.

Vous devinez que je parle de l’Allemagne, et vous avez raison. Mais si vous croyez qu’il s’agit de l’Allemagne féodale, vous avez tort.

Voici le mécanisme ingénieux et simple grâce auquel les paysans et les petits bourgeois du grand-duché de Bade font foisonner le gibier jusque dans les jambes des chasseurs : tous les propriétaires d’un village mettent leurs terres en commun pour la chasse, et ils afferment le tout au plus offrant.

Ils savent que par ce moyen ils établissent chez eux une véritable fabrique de perdreaux et de lièvres ; que leurs récoltes seront un peu rongées par-ci, un peu foulées par-là, et qu’ils n’auront plus le droit de toucher au gibier qui les gruge ; mais, en revanche, ils encaissent une somme assez ronde au profit de la commune, et la commune c’est eux. La location de la chasse dégrève leurs impôts d’autant ; ils payeront en moins l’équivalent du déficit qui va peser sur leurs récoltes. Chacun se trouve indemnisé au prorata de ce qu’il perd.

Le locataire le plus offrant, qui prend la chasse à bail, surveille, exploite, récolte son gibier à sa guise. Il ajoute du lièvre, ou du perdreau, ou du