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drait des mesures répressives ; mais les braconniers par état deviennent en peu de temps des hommes terribles.

Je n’insiste pas sur ce point : à quoi bon ? La chasse gratuite pour tous serait, au bout d’un an, la chasse interdite à tous : il n’y aurait plus de gibier.

Nous désirons qu’il y en ait toujours et qu’il y en ait, s’il plaît à Dieu, plus qu’il n’en reste. C’est nous, mes frères, qui, depuis trente ans, importunons l’État de nos requêtes et l’adjurons de nous faire un peu de gibier. Nous nous sommes mal adressés, ce me semble. L’État ne couve pas les œufs de perdrix ; il est impropre à l’allaitement des levrauts. Il a cru nous rendre service en élevant à vingt-cinq francs le prix des permis de chasse ; nous n’y avons gagné que de payer dix francs de plus. On trouve moins de lièvres en plaine depuis qu’il en coûte plus cher pour les tirer.

Quelques-uns d’entre nous demandent une trêve de Dieu qui permette au gibier de réparer ses pertes. Mais les plus sensés de la bande assurent que la suspension générale du droit de chasse ferait la partie trop belle au braconnier. L’État pèse gravement ces raisons et pense que nous ferions mieux de pourvoir à nos plaisirs nous-mêmes. Il a tant d’affaires sur les bras, sans la nôtre !

Eh bien ! je vous propose une combinaison fort