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depuis l’aube ; le garçon de labour qui ramène ses bœufs a labouré tout un arpent ; les ouvriers qui sortent de la fabrique ont fait leur tâche ; les enfants qui déboulent de l’école en poussant des cris aigus ont appris quelque chose : tous ces gens ont un avantage marqué sur le chasseur bredouille ; aussi se moquent-ils cordialement de lui.

Il dira peut-être, pour son excuse, que l’exercice et le grand air lui ont fait du bien. N’en croyons pas un mot, mes frères. Forçons-le d’avouer avec nous que l’exercice et le grand air n’ont jamais profité aux bredouilles. C’est le chasseur heureux qui respire avec fruit et dégourdit utilement les ressorts de ses jambes. Quand on revient bredouille, on a le cœur aigri, et les meilleures choses du monde, qui sont l’exercice et le grand air, se tournent en poison.

4o J’aborde avec fureur un détestable préjugé dont nous avons tous été victimes, et j’espère que pas un de nous ne refusera de faire chorus avec moi, car il s’agit de notre honneur. Que dis-je ? Ce que je défends ici, c’est l’honneur de l’humanité tout entière. Lorsqu’on nous voit rentrer le carnier vide, les rieurs s’imaginent calomnieusement que nous avons manqué le gibier !

Inutile d’insister sur les conséquences d’une idée si injuste et si fausse. S’il est vrai que nous ayons