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sommes ridicules pour une ou plusieurs raisons du même genre.

1o Nous avons payé vingt-cinq francs le droit de vie et de mort sur tout gibier de poil et de plumes ; mais l’État et la commune qui se partagent notre argent ne se chargent pas de nous donner les lièvres et les perdreaux en échange. C’est à nous de nous rembourser par nos mains. Or, le chasseur qui ne tue pas a l’air aussi nigaud qu’une cuisinière à la halle, si les pigeons qu’elle a payés s’envolaient de son panier.

2o Nous avons fait les frais d’un fusil, d’un équipement complet, d’un costume plus ou moins pittoresque qui ne permet aucun doute sur nos intentions et rend notre espérance visible à nos concitoyens les plus obtus. S’habiller tout exprès pour un bal et arriver en voiture, à minuit, devant une maison démolie, c’est payer les frais d’un contraste assez ridicule. Se costumer en Robin des bois pour tuer des perdreaux et revenir sans un pouillard, n’est-ce pas la même aventure ?

3o Une journée de chasse où l’on n’a rien tué, c’est une journée perdue, et nous vivons dans un temps où le riche lui-même n’a guère le moyen de perdre ses journées. Tous les hommes qu’on rencontre sur le chemin de la maison viennent de travailler utilement. Les faucheurs de regain qui reviennent des prés ont fait une besogne énorme