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à aborder directement le théâtre. On risque d’exciter un vacarme de tous les diables et de voir la pièce arrêtée dès la première représentation.

L’autre méthode est plus savante et plus sûre. On fait refuser la pièce par un directeur, ou on la fait interdire par le ministère, puis on l’imprime en brochure, et l’on dit : J’en appelle à l’impartialité du public. Le public, ainsi prévenu, commence par trouver l’œuvre innocente, et finit par se gendarmer pour elle. On peut jouer la pièce, elle ne scandalisera plus personne ; c’est un succès presque assuré.

Transportez ces façons d’agir sur la scène politique. La pièce qu’on a jouée directement, du premier coup sans préparer son succès dans le public, c’est, par exemple, la convention du 15 septembre. Personne ne connaissait le dénouement, qui est neuf et inattendu. L’auteur avait des amis, beaucoup d’amis ans la salle ; il ne les avait pas invités aux répétitions. Le parterre a trouvé que la pièce était bonne ; il a applaudi à tour de bras ; mais les messieurs de l’orchestre et des premières loges ont sifflé ; ils sifflent encore ; ils ne désespèrent pas de faire tomber l’ouvrage. Quelle fête pour eux si le grand et légitime espoir de l’europe libérale pouvait finir en queue de poisson !

Il se pourrait que le gouvernement, après cette expérience, eût voulu tâter de l’autre méthode. Le