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même utilement, à ce qui nous reste de liberté. Mais lorsqu’un général, emporté par sa fougue, se jette au milieu des ennemis, les soldats restent-ils à deviser entre eux sur l’imprudence de leur chef ? Non, morbleu ! Leur premier mouvement est de courir à sa suite : chacun prend ses jambes à son cou et se rue au danger, sauf à débattre après la victoire si le général n’est pas allé un peu loin.

Donc les plus hésitants ont pensé que l’hésitation n’était plus permise lorsqu’ils ont vu M. Duruy engagé au fort de l’action. Il y a des vérités qui ont le moyen d’attendre ; mais du jour où elles sont avancées, il faut marcher avec elles : les laisser se défendre toutes seules serait presque une trahison. L’esprit de l’homme fait beaucoup de chemin en vingt-quatre heures. Soyez persuadés qu’une foule d’esprits sages, modérés, patients même, se sont ralliés à l’audace généreuse de M. Duruy entre le Moniteur du 6 et le Moniteur du 7. Ceux-là se plaignent plus amèrement que tous les autres, car ils ont la ferveur des nouveaux convertis. Ils disent ( passez-moi la comparaison) qu’on les a entraînés dans une sorte d’embuscade, et qu’on aurait mieux fait de leur crier Casse-cou !

Ils ont tort. Le gouvernement a bien fait de laisser vingt-quatre heures entre le travail de M. Duruy et la piètre loi qui le dément. En évitant de rapprocher deux pièces si contradictoires, il a