les gardes-champêtres se répandent dans les campagnes et jurent que cet homme est l’ennemi de l’Empereur et de la Constitution. Que voulez-vous qu’il réponde à cela ? Il serait bien patient si, du coup, il ne passait pas au rang des impossibles. Ses électeurs y comptent bien. On ne l’a pas envoyé à la Chambre, lui, cinquième ou trentième, pour déplacer la majorité, retourner la marche des affaires et diriger le pays dans un autre sens. Personne ne rêvait un miracle si invraisemblable ; mais l’électeur s’est dit : « C’est un gaillard solide ; il votera contre toutes les lois, il fera un discours sur l’Adresse, un autre sur le budget, et il dira des choses désagréables au gouvernement. » Qu’il s’écarte de ce programme, il se fera honnir. À quoi bon citer des exemples ? Je vois d’ici la minorité de la Chambre : j’y compte au moins cinq hommes très-capables, très-conciliants, très-doux, très-fermes, qui feraient d’excellents ministres et des présidents admirables, si le mot impossible était rayé du dictionnaire français.
Mais il ne faut jamais désespérer de l’avenir. Le Prince Impérial, à l’occasion de la Saint-Charlemagne, a rassemblé autour de lui cent cinquante bambins de son âge. Il ne leur a pas demandé s’ils pensaient exactement comme lui sur la charge en douze temps et les confitures de groseille. Il leur a dit, dans un petit gazouillement très-sensé : « Vous