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à l’erreur, semblable à nous en tout point, sauf l’habit ?

Je ne veux pas pousser au noir la peinture de nos mœurs politiques. C’est pourquoi je citerai simplement l’histoire de ce maire, qui mettait hors la loi les poules d’un citoyen trop indépendant. Le maître de ces poules n’aspirait pas sans doute au trône de France. Le seul fait d’élever des poules nous prouve abondamment qu’il était doux, paisible, ami de l’ordre et dévoué aux lois qui protégent l’éducation de la race galline. Avait-il en lui l’étoffe d’un ministre ? Je ne sais. Était-il capable de gouverner trente-sept millions d’animaux sans plumes ? Je n’en veux pas jurer. Mais il était possible, avant la proscription de sa volaille. Le lendemain, il s’est mis en colère, il a déblatéré au café contre la constitution de l’Empire ; il se présentera aux élections municipales comme candidat de l’opposition. C’est un homme impossible ; la France n’a plus rien à espérer de lui !

J’ai l’air de plaisanter, mais au fond la chose est très-grave. Lorsqu’un sous-préfet de M. Guizot molestait un électeur à deux cents francs, l’honnête censitaire ne s’en prenait pas au roi, qui n’était responsable de rien. Il n’était pas même tenté de faire un de ces coups de tête qui rendent un homme impossible. Il attendait la prochaine élection et votait pour un ami de M. Thiers. Aujourd’hui,