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tème politique : ils voulaient Napoléon, et acceptaient, les yeux fermés, ce qu’il aurait pour agréable. Quelques-uns souhaitaient la paix, quelques autres préféraient la guerre ; celui-ci inclinait vers les idées libérales, celui-là vers les idées cléricales, mais tous ou presque tous se ralliaient par anticipation à la volonté telle quelle de l’Empereur. La sagesse des nations dit qu’un homme en vaut un autre ; l’enthousiasme de la France a déclaré qu’un seul homme appelé Napoléon III valait plus à lui seul que trente-sept millions d’autres. Voilà le commentaire véridique des oui que vous avez jetés dans l’urne. Vous avez dit oui pour le passé, oui pour le présent, oui pour l’avenir, oui au nom des enfants de vos petits-enfants, qui n’ont pas été consultés, et pour cause. Tous ces oui ne datent pas d’hier ; un certain nombre de citoyens ont regretté par-ci par-là d’avoir parlé si net et de n’avoir pas fait plus de réserves ; et pourtant si demain la question de personne était remise sur le tapis, l’immense majorité du peuple, après avoir délibéré froidement, sans trouble et sans passion, dirait encore : oui.

Étant donnés l’homme et le peuple, l’homme qui se sait si fort, et le peuple qui s’avoue si faible, vous comprendrez que l’Empereur était presque autorisé à vous dicter ses volontés au lieu d’exécuter les vôtres. S’il n’a pas pris au mot l’espèce d’abdication qui fut le premier acte du suffrage uni-