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rium de Millaud. Mais je n’ai pas encore dit la centième partie de ce qui est à dire, et la preuve, c’est que je reviens à mes brebis tondeuses avec un plaisir toujours neuf. Savez-vous qu’il s’imprime à deux pas de la Bourse un journal exclusivement consacré aux mangeuses d’argent ? On l’appelle la Vie Parisienne, car les grands intérêts qu’il discute ne franchissent que par accident l’enceinte de Paris.

Cette feuille de format élégant, illustrée de jolies gravures, ne compte guère moins de six mille abonnées, quoiqu’elle ait horreur du scandale et qu’elle n’ait jamais publié une personnalité nuisible. D’où vient donc cette vogue inouïe ? Ah ! voilà. C’est que la Vie parisienne est le Moniteur des mangeuses d’argent. Moniteur, dans les deux sens du mot. Non-seulement elle publie leurs décrets ou leurs fantasies (c’est tout un) comme le Moniteur universel imprime les décrets impériaux ; mais elle leur donne sur les doigts, elle leur dit tous les huit jours leurs petites vérités, elle les menace de la férule, comme ferait un moniteur dans une école primaire.

Le rédacteur en chef, mon ami Marcelin, est un artiste doublé d’un philosophe. Comme artiste, il avertit ces dames toutes les fois qu’elles se font laides pour mieux plaire ; comme philosophe, il les défend, il les gourmande ; il protège contre