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trie commune. Nous l’avons compris avant vous, et nous nous en sommes bien trouvés. Le juif a fait des efforts héroïques pour rentrer dans le sein de la société française, tandis que le moine s’escrime à en sortir. Nous avons obtenu d’être citoyens, nous sommes heureux de cette conquête, et nous nous efforçons de nous en montrer dignes. Nous payons plus d’impôts, nous faisons plus d’enfants, nous rendons plus de services que la plupart des chrétiens ; dans l’industrie, le commerce, les arts, dans les fonctions publiques et même sur les champs de bataille nous rivalisons d’activité, de dévouement et de courage avec ceux dont les pères étaient citoyens avant nous. C’est pourquoi nos personnes et nos biens sont aujourd’hui plus en sûreté que les vôtres. Personne ne serait assez fort pour demander l’expulsion des juifs, tandis que les chrétiens pétitionnent aujourd’hui pour obtenir la vôtre. Aucun prince n’attenterait sans crime aux millions que j’ai accumulés par mon travail, conformément à la loi commune. Si vous voulez obtenir la même sécurité, méritez-la. Vous aurez l’argent que je vous ai promis ; mais si vous tenez à le garder longtemps, devenez citoyen et commencez par devenir homme.

Le père

Monsieur le baron, j’accepte l’argent.