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vérité des pions et la sécheresse des haricots. À la rentrée, il demandera formellement qu’on le mène chez les bons Pères !

Pour nous attacher les parents, nous les flattons un peu dans la personne de leurs fils ; nous ne nous plaignons pas du gamin, si diable qu’il puisse être ; nous l’embrassons avec une certaine ostentation de tendresse, fût-il un peu sale ou mal mouché. Nous offrons aux familles des séances de musique, de littérature, d’escrime, de gymnastique où leurs enfants se couvrent de gloire sous les yeux des principales autorités du département. Rien de pareil dans les lycées. Le père qui veut embrasser son fils n’a pour distraction que la figure du portier, les murailles nues du parloir, et la grimace rébarbative d’un censeur qui n’embrasse pas.

Pour les mères de famille, nous montons avec un luxe éblouissant des messes à grand orchestre ; nous leur faisons nous-mêmes, avec mille attentions délicates, les honneurs du saint lieu. Leur âme tendre s’émeut au spectacle de nos cérémonies ; nous les prenons comme il faut prendre les femmes, par les nerfs.

Pour le public badaud, nous avons inventé un système d’anoblissement général qui produit un effet admirable à nos distributions de prix. Rien de plus simple dans la pratique : il s’agit d’ajouter à