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vistes, de sceptiques, et surtout d’indifférents. Le vieux dicton populaire : « Je me moque de ça comme du pape, » est d’origine française ; je ne sache pas que nous l’ayons traduit de l’allemand ou de l’anglais.

Mais quand même la conscience de M. Thiers et la mienne et la vôtre, lecteur, auraient besoin de posséder un roi-prêtre hors du pays, s’ensuivrait-il logiquement que ce roi dût opprimer 600 000 hommes ? Jamais conscience chrétienne n’a pu élever des prétentions aussi exorbitantes que celle-là.

L’honorable M. Thiers croyait en 1849 qu’il fallait immoler trois millions d’Italiens à « cet intérêt de premier ordre » qui s’appelle le pontificat. Aujourd’hui, la Révolution a réduit le chiffre des victimes, et M. Thiers semble adhérer au progrès accompli : une fois n’est pas coutume. Mais si 2 400 000 Italiens ont pu s’affranchir du despotisme sénile de leurs prêtres, pourquoi n’essayerait-on pas d’en délivrer encore quelques autres ? La ville de Rome ne compte pas plus de 175 000 habitants. Le reste est dispersé dans la campagne, et vit fort mal.

Les Romains de la ville sont, d’après M. Thiers, les obligés de la papauté. L’éminent orateur, qui est en outre un grand historien, a découvert que Rome devait tout à la société chrétienne. C’est un pape qui a vaincu Annibal et détruit Carthage ;