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mais aussi notre peau, toujours au nom de la liberté de conscience !

J’ai l’air d’exagérer ; mais non : cela s’est vu. Il est vrai qu’autrefois les inquisiteurs étaient des hommes simples, qui appelaient les choses par leurs noms. Ils ne marmottaient pas des devises de liberté en poussant les verrous du Saint-Office ; ils n’avaient pas l’esprit de railler un pauvre diable en le menant à la mort et de lui dire « Tu vois ce bûcher ? Je l’appelle une glacière. »

Les sceptiques qui composent le nouveau parti libéral ont mis au jour un argument qui serait bien plaisant s’il ne concluait à l’iniquité la plus atroce. Le voici dans son nu :

« La conscience de 37 millions de Français a besoin d’un chef qui maintienne l’unité catholique ; elle veut que ce chef réside à l’extérieur et qu’il soit indépendant. Or, comme il n’y a d’indépendance que dans la souveraineté, nos 37 millions de consciences veulent absolument que le pape règne à Rome et qu’il opprime 600 000 Italiens qui ne nous ont rien fait ! »

J’admets qu’il y ait parmi nous 37 millions de catholiques cléricaux et ultramontains, ce qui manque de vraisemblance. Parmi les citoyens français qui ont été baptisés dans une église catholique, on trouverait, je crois, un certain nombre de déistes, de rationalistes, d’athées, de positi-