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de toutes les idées modernes, accapare non-seulement les millions, mais les générations, capte les héritages, fausse les esprits, corrompt les âmes, enseigne ouvertement la haine de nos principes et le mépris de nos institutions. Nous demandons que l’horreur de la liberté ne soit plus professée par les jésuites, et l’on nous impose silence au nom de la liberté !

Les philosophes réclament le droit de ne pas payer les frais du culte, et ils donnent, je crois, des raisons sans réplique. Le culte leur est indifférent, toutes les fois qu’il ne leur est pas désagréable. Celui qui ne fréquente pas les églises n’a que faire de les bâtir et de les meubler, et celui qu’on injurie publiquement du haut de la chaire devrait être dispensé de nourrir ses insulteurs. On nous répond que la conscience des fidèles ne s’épanouit à l’aise que dans des bâtiments très-vastes et très-ornés, au milieu d’un clergé nombreux et bien nourri ; que ce luxe, au plus juste prix, coûte 46 millions par an, et que le philosophe, en refusant un sou de ces 46 millions, violerait la plus sainte de toutes les libertés, qui est la liberté de conscience. Peste ! Il est bien heureux que la conscience des catholiques se soit humanisée depuis un siècle ou deux ; car si elle reprenait goût à la grillade, elle ne nous demanderait pas seulement notre argent,