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la coupure des billets de banque, a trouvé dans M. Thiers un redoutable ennemi.

Mais le jour où l’illustre orateur est venu leur offrir ses services avec MM. Picard, Ollivier, Jules Favre, Guéroult, Havin, Pelletan, Jules Simon et consorts, ils ont pensé que le temps et le progrès avaient porté conseil. Ils ont dit noblement : À tout péché miséricorde ! Le voisinage garantissait les nouveaux principes du candidat ; les bonnes gens qui l’ont nommé croyaient voter pour la liberté en personne. L’élection s’est faite par la naïveté publique ; un petit coup d’épaule de M. Haussmann n’a servi qu’à rendre le résultat plus brillant. Mais, je vous le demande en bonne foi, sans passion et sans malice, auriez-vous voté pour M. Thiers si vous aviez connu sa définition de la liberté ? Vous tous qui défendez la liberté, avez-vous supposé que l’oppression des Romains, le pouvoir temporel du pape, Antonelli, Mérode, le droit divin dans ses applications les plus insolentes, le massacre de Pérouse, le rapt des enfants juifs et toutes ces iniquités qui fourmillent dans la sentine de Rome (comme disait Luther) fussent le commentaire logique et légitime de la liberté de conscience ?

Le nom de liberté est à la mode : tant mieux ! cela fait l’éloge de notre temps. Mais il faudrait s’entendre à la fin et savoir ce que parler veut dire.