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des boutiques où l’on gagne aisément un demi-million par année. Qui est-ce qui l’a créé, le demi-million ? Nous. À qui profite-t-il ? À nous un peu, dans une proportion qui varie entre vingt et vingt-cinq pour cent. Le reste du bénéfice est pour le capital, ce capital hardi, imprudent même, qui s’est risqué dans une entreprise aussi aléatoire que la création d’un journal. Sur dix feuilles qui se fondent, il en périt au moins neuf. Celle qui réussit à vivre dépense quelquefois la moitié d’un million avant de gagner le premier sou. Qui peut dire quels capitaux ont été dévorés par la Revue des Deux-Mondes, si florissante et si riche aujourd’hui ? Chacun de nous connaît un peu l’histoire du journalisme ; aussi trouvons-nous équitable que les fonds engagés dans une entreprise si périlleuse rapportent jusqu’à cent pour cent. Quant à dicter des lois au capital qui nous fait travailler, nous n’y pensons même pas. Nous savons que s’il a besoin de nous pour croître et multiplier, nous avons besoin de lui pour vivre.

Et vous ? connaissez-vous l’histoire de vos industries ! Avez-vous démonté un à un les ressorts de cette machine où vous êtes engrenés ? Savez-vous bien exactement quelle part est légitimement due à votre collaborateur indispensable, le capital ?

Quand vous avez fini votre pénible journée, quand les feux sont éteints et les établis déserts, il