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privations, quelque chose de moi, que je me suis tiré du corps. Je le mets dans une caisse, où, joint à d’autres sommes apportées par d’autres actionnaires, il formera un capital.

« Le capital est un instrument prodigieux qui rend le travail plus aisé, plus rapide, plus utile et plus lucratif ; avec le capital, on construit des bâtiments, on achète des machines, on fait venir du charbon, on produit de la vapeur. Mes 1000 fr. vont donc servir à quelque chose, et comme c’est moi qui les ai créés, il est juste qu’ils travaillent un peu pour moi. S’ils me rapportent 5 du cent, je trouverai qu’ils ont fait à peine leur devoir, car, enfin, l’industrie n’est pas sans dangers, on s’y ruine quelquefois ; je puis tout perdre. Il est donc juste qu’un capital exposé rende plus qu’un capital assis sur une bonne hypothèque à l’abri de tous les événements. »

Voilà comment vous raisonneriez, mon cher lecteur, si vous étiez un des trop rares ouvriers de Paris qui ont pu économiser une somme un peu ronde. Hé bien ! tous les capitalistes, grands et petits, tiennent le même langage et font le même calcul.

Or, l’industrie telle qu’elle est aujourd’hui, ne peut pas marcher sans capitaux. Supposez une fabrique qui occupe cent ouvriers et qui gagne en moyenne 3000 francs par jour : il n’y a là rien d’im-