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amis. Entre vous, le simple manœuvre, employé comme force, reconnaît la supériorité d’un ouvrier habile qui transforme artistement la matière et centuple dans sa journée le prix d’un morceau de fer ou de bois. Vous devez donc avouer que le journaliste est un travailleur de la première catégorie, parce qu’il tire d’une plumée d’encre une vérité inédite, un argument irréfutable, quelquefois même un bon conseil.

Il n’en est pas moins vrai que notre profession est organisée exactement comme la vôtre ; c’est ainsi que dans les maisons nouvellement construites, l’appartement du premier étage et celui du cinquième sont distribués sur le même plan. Le journaliste au mois ou à ses pièces a les mêmes rapports avec le propriétaire du journal que l’ouvrier avec son patron.

Chez nous, comme chez vous, le patron est un ancien travailleur, souvent un homme qui travaille encore, et plus que tout autre, dans la maison. Le capital qu’il fait fructifier par ses labeurs et par les nôtres est en partie à des associés, commandataires, bailleurs des fonds, qui en espèrent légitimement un profit considérable. Si vous aviez 1000 fr. d’économies et si vous les engagiez dans une entreprise industrielle par actions, comme, par exemple l’usine Cail, vous diriez :

« Mon argent, c’est mon travail, ma sueur, mes