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et le consommateur aurait trente francs à payer, sous peine de courir nu-tête dans les rues.

Je ne dis pas cela pour vous apitoyer sur notre sort, mais pour montrer que notre industrie a aussi ses petites misères.

Chez nous, comme chez vous, toute fabrique se compose de deux éléments distincts, et, jusqu’à un certain point, opposés l’un à l’autre : le capital et le travail. Dans un journal, aussi bien que dans une carrosserie, il y a un patron et des ouvriers. Et parmi les travailleurs du journal, les uns sont payés au mois, les autres à leurs pièces.

Avant d’aller plus loin, je vous supplie de ne pas voir dans l’assimilation que j’établis entre notre travail et le vôtre une flatterie renouvelée de 1848. Le temps n’est plus où les fameux ouvriers de la pensée vous parlaient comme à leurs coteries, et se disaient vos égaux pour se faire vos maîtres. Vous savez aujourd’hui que vos meilleurs amis ne sont pas ceux qui vous encensent, mais ceux qui, franchement, sans fausse modestie, avec l’autorité qui s’acquiert par de longues études, vous enseignent ce qu’ils ont appris. Un homme en vaut un autre, absolument parlant ; mais l’instruction et le raisonnement créent des différences incontestables, et ceux qui ont exercé leur cerveau pendant que vous fatiguiez vos bras n’ont pas besoin de faire les camarades pour que vous reconnaissiez en eux vos