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et l’autre de dissiper les orages et d’émietter la foudre : Fulgura frango, dit l’une ; Nimbum fugo, dit l’autre.

Supposez que ces deux monuments se retrouvent en 1965 dans les ruines de Bergerac, que diront les archéologues ? Ne seront-ils presque autorisés à croire qu’en 1865 la France plaçait le pape au-dessus de l’Empereur et le curé au-dessus du maire ? Mais ce n’est pas le pis : ils iront jusqu’à dire que de nos jours, deux cents ans après la fondation de l’Académie des sciences la France croyait encore à la vertu magique d’un instrument de tapage. Fulgura frango ! On nous comparera aux Chinois, qui frappent sur leurs chaudrons pendant les éclipses pour effrayer le dragon qui mange le soleil. Nimbum fugo.

Nous qui sommes les contemporains, nous n’accuserons pas le marquis de la Valette de ranger l’Empereur à la suite du pape ; il a fait son choix en public, et même avec un certain éclat. Nous n’accuserons pas un esprit si moderne et si vivant de contre-signer en latin les préjugés absurdes d’un autre âge. Un parrain n’est pas responsable des difformités physiques ou morales de son filleul ; mais il est clair que, pour les bonnes gens qui mettent le spirituel au-dessus du temporel, les découvertes les plus éclatantes de la science moderne seront toujours considérées comme non