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LA RÉSISTANCE.

Midi. Notre résistance au vainqueur n’étant pas affaire de caprice, mais de raison, de dignité, de conscience et de droit, méritait d’être réglée par poids et mesure. La France nous a cédés malgré elle ; nous lui devons de prouver au monde que c’était aussi malgré nous. Nous ne donnerons pas le spectacle de ces insurrections inutiles et sanglantes, qui ont été le suicide de la Pologne. À l’impossible nul n’est tenu. Si tous les efforts d’un grand peuple ont été impuissants à nous conserver, comment deux malheureuses provinces désarmées, enchaînées, couvertes de garnisons s’affranchiraient-elles par elles-mêmes ? C’est la patrie qui nous délivrera, nous comptons sur son courage, comme elle peut compter sur notre fidélité. Qu’elle prenne son temps, qu’elle répare ses forces à loisir ; nous lui ferons crédit de dix ans, de vingt ans, d’un demi-siècle s’il le faut : elle nous retrouvera tels qu’elle nous a laissés.

« En attendant, nous tiendrons tête à l’ennemi sur le terrain légal où les honnêtes gens sont chez eux. Cette paix déplorable et pourtant nécessaire, qui a sauvé la France d’une destruction totale au prix de notre indépendance, ne livre aux Allemands que nos biens et nos corps : les âmes ne sont pas comprises dans le traité ; nous restons maîtres du for intérieur. Vous verrez que nous