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ALSACE.

trastent singulièrement avec leur âge. Vous connaissez sans doute cette fière réplique d’un Français de neuf ans. Un officier prussien qui était logé chez le père s’approche du baby pour le caresser :

« — Ne me touchez pas ! dit l’enfant.

« — N’ayez pas peur, mon petit ami ; j’ai un fils de votre âge.

« — Je vous le tuerai !

« Toute la marmaille d’Alsace souffle le feu comme ce gamin-là. Il n’y a ni menaces ni corrections capables d’étouffer les chants patriotiques et le cri de : Vive la France ! qui part à tout propos en fusée. L’ennemi affecte de croire que nous faisons faire aux enfants ce que nous n’osons faire nous-mêmes, et il nous rend responsables de la conduite de nos fils. Nous n’y sommes pour rien, pas plus que dans les manifestations répétées, variées, souvent ingénieuses, où brille l’obstination de nos femmes. Ce qu’on peut dire en toute vérité, c’est que le sexe faible et l’âge tendre ont plus de diable au corps que nous, lâchent plus volontiers la bride à leurs passions, sont moins maîtres de leurs actes et de leurs paroles.

« L’Alsacien adulte est sérieux, réfléchi, concentré. Il veut fortement ce qu’il veut, parce qu’il ne se résout jamais à la légère, et qu’il ne procède point par coups de tête comme les Français du