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LA RÉSISTANCE.

des commandements germaniques. Deux officiers allemands s’approchèrent et prirent un plaisir visible à ce spectacle. Ils regardaient du haut de leur grandeur et pensaient, en caressant leur grosses moustaches : — Voilà des marmousets qui se préparent de bonne heure à servir notre empereur et roi !

« Tout à coup le chef des bambins crie à ses hommes : Mouchez-vous ! Et tout le rang avec ensemble, se mouche de l’index : Droite ! gauche ! Les Allemands se rembrunissent un peu, mais l’exercice continue. Après deux ou trois mouvements fort bien exécutés, le capitaine en blouse commence une distribution de soufflets, de gourmades et de coups de pied, que sa troupe accepte sans broncher. Les officiers froncent le sourcil et apprêtent peut-être à tirer quelques paires d’oreilles, lorsque le chef des polissons, pris d’une inspiration sublime, crie à sa troupe : — Voici les Français qui arrivent ! sauve qui peut ! Toute la compagnie se débande et va se cacher dans les trous. Ainsi finit la comédie. Les Allemands n’en ont pas ri.

« Si, dans les dernières années de l’empire, beaucoup d’hommes étaient redevenus enfants, en revanche, depuis nos désastres, quelques enfants sont devenus hommes par le cœur : on assiste à des explosions de sentiments qui con-