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LA RÉSISTANCE.

après l’autre. C’était à qui les cacherait, à qui les guiderait à travers nos grands bois, à qui leur fournirait de l’argent, des habits, des chaussures. Il n’y a pas dix personnes en ville qui n’aient fait la nique aux Prussiens et mérité d’être envoyées à Rastadt, comme l’armurier Dreyssé, qui seul s’est laissé prendre. Les quelques jeunes gens qui n’étaient pas à l’armée n’osaient se montrer dans les rues, crainte d’affront. Nos enfants ont fait leur devoir : les uns sont tombés glorieusement sur les champs de bataille ; les autres ont gagné la croix ou la médaille, d’autres ont été prisonniers, et ils ne regrettent pas d’avoir souffert un peu pour la vieille patrie française. Un exemple entre autres : vous connaissez Auguste Bœsch, le fils du tonnelier, ce bon gros garçon réjoui ? Il était de la classe 1870, l’invasion le surprend ici, juste au moment où il était appelé sous les drapeaux. Défense de partir. Un fainéant se serait dit : c’est un bon numéro qui me tombe du ciel. Lui, se faufile parmi les bouchers qui conduisaient des bœufs à l’armée allemande, parvient à la limite de l’invasion , saute en France, court à Paris, va droit au ministère, demande l’adresse de son régiment, prend sa feuille de route, pique sur Alençon et dit au colonel : Me voilà !

« Au bout d’un mois il est sergent, au bout de