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ALSACE.

possession de la ville. Pourquoi nous n’avons pas supprimé d’un tour de main ces quatre hommes, vous le savez aussi bien que moi. Rien n’était plus facile que de les écharper ; mais à quoi bon, puisqu’on voyait arriver derrière eux toute une armée allemande ? Nous venions d’assister à la déroute navrante de Mac-Mahon ; nous pensions que si le plus brave et le plus illustre de tous nos hommes de guerre renonçait à barrer la route aux ennemis, ce n’était pas la petite population d’une sous-préfecture ouverte qui pouvait faire un tel miracle. Toutefois, dans cette douloureuse extrémité, nous n’avons perdu ni l’espérance, ni la présence d’esprit, car une heure avant l’entrée des Prussiens, nous prenions soin d’évacuer sur Phalsbourg tous nos blessés un peu valides et des centaines de chassepots que les fuyards avaient semés sur nos chemins. Ces armes et ces hommes n’ont pas nui à la défense de la place.

« Du jour où l’ennemi fut installé chez nous, hommes et femmes, jeunes et vieux, riches et pauvres n’eurent qu’une seule idée : donner des soldats à la France. L’ennemi le savait ; il faisait bonne garde ; il menaçait des peines les plus terribles tout conscrit qui chercherait à rejoindre l’armée et quiconque oserait favoriser l’évasion d’un conscrit. Personne ne tint compte des menaces ; les jeunes gens s’esquivèrent l’un