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LA RÉSISTANCE.

douté de nous, car vous n’avez pas su notre histoire. Une moitié de la France a perdu l’autre de vue pendant un an. Les communications coupées, la presse réduite au silence sur le territoire envahi, la hâblerie des poltrons, la modestie des vrais braves, la sottise infaillible des badauds qui ne croient qu’aux fausses nouvelles et ne contestent que les vraies, tout a concouru à répandre comme un brouillard sur les événements de la guerre. Il faudra du travail et du temps pour que la lumière se fasse, et que chacun obtienne l’éloge ou le blâme qui lui est dû. Tout récemment encore vous avez lu dans les journaux de Paris que le docteur Hirtz, de Saverne, était déporté à Rastadt en expiation d’un propos trop hardi. Le docteur Hirtz n’a tenu aucun propos, encouru aucun châtiment, ni bougé de son domicile. L’histoire de sa déportation est un humbug aussi gratuit que la mort héroïque de Monseigneur Roess, évêque de Strasbourg. Les Parisiens, pendant le siège, ont célébré un service funèbre en l’honneur de ce martyr gros et gras, qui vit en joie et qui a dîné depuis l’annexion chez M. de Bismark-Bohlen.

« L’histoire de notre résistance, si elle n’offre pas des traits bien éclatants, n’en est peut-être pas moins curieuse et même édifiante. Vous étiez au milieu de nous le jour où quatre uhlans ont pris