Page:About - Alsace, 1875.djvu/73

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
59
HUIT JOURS D’ÉTUDE.

De ce coup, le maire a donné sa démission, mais les Prussiens n’ont pas encore nommé son successeur, et il est toujours sur la brèche, défendant de son mieux le peu qui nous reste.

La commune possède ou du moins possédait un collége que j’ai vu assez florissant. Les bâtiments sont une propriété de la ville ; les professeurs nommés par le ministre de l’instruction publique se partageaient une subvention de la ville. L’année dernière, après l’invasion, les vainqueurs invitèrent le principal à rouvrir tous les cours, à faire rentrer toutes les classes. Les droits sacrés de l’enfance leur étaient plus chers que tout ; ils ne souffriraient pas qu’un conflit provoqué par leurs exigences suspendît les études un seul jour : ils voulaient s’effacer, abdiquer, disparaître plutôt que de contrarier les dignes professeurs de Saverne et d’encourir le blâme du monde civilisé.

On les crut sur parole : aucun maître ne donna sa démission, un modus vivendi tolérable et honorable s’établit sans difficulté. Durant l’année scolaire 1870-1871, l’ancien personnel du collège professa en français sous l’autorité du conseil municipal. Les choses avaient marché à souhait, sans un seul choc, jusqu’aux vacances. Les prix s’étaient distribués dans les classes, à huis clos ; on avait éludé ainsi l’embarras d’inviter ou d’exclure le sous-préfet. Tout à coup, les Prussiens jettent