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ALSACE.

despotisme prussien ont encore un arrière-goût d’argent.

Le même maire, à la même époque, employait dans ses bureaux quelques anciens agents de la police municipale. Ces hommes avaient donné leur démission comme sergents de ville plutôt que d’endosser l’uniforme prussien. Le sous-préfet apprend qu’ils ont l’audace de gagner leur vie, et, d’urgence, il écrit au maire : « Si vous ne les renvoyez pas aujourd’hui même, il y a une peine disciplinaire pour vous, une peine correctionnelle pour eux. » Voilà nos libertés municipales !

Il est de règle en nos pays qu’un maire autorise ou défende les bals publics, et particulièrement les bals de nuit, selon qu’il les croit indifférents ou dangereux pour l’ordre et la morale. Un cabaretier de bas étage demande la permission de faire danser jusqu’à minuit les soldats allemands et les filles publiques. Le maire fait son devoir, il refuse, attendu que cette débauche insulterait à la douleur d’une population qui s’interdit les bals à elle-même ; que d’ailleurs, les soldats étant logés chez l’habitant, la ville entière serait condamnée à veiller pour attendre ses garnisaires, ou à dormir les portes ouvertes. Mais l’empoisonneur juré qui rêvait cette aimable fête ne se tint pas pour battu ; il appela de la décision du maire au commissaire de police prussien, qui lui permit de passer outre.