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ALSACE.

défaite, à l’effet désastreux d’une retraite follement précipitée, qui n’a rien défendu, pas même les défilés des Vosges, s’ajoutait je ne sais quelle curiosité d’une avenir tolérable et peut-être meilleur. Voilà pourquoi le patriotisme de certains villageois a pu nous sembler hésitant aux premiers jours de l’annexion.

Mais bientôt, Dieu merci, l’expérience du joug prussien a détrompé et révolté les intérêts les plus crédules.

Certes, nos ennemis avaient beau jeu. Si le gouvernement à bon marché a jamais été possible en ce monde, c’est dans un pays riche et laborieux comme la Lorraine et l’Alsace. Les citoyens détachés de la mère patrie n’ont pas un centime à payer sur la rançon de cinq milliards ; leur solidarité n’est engagée ni dans l’emprunt Morgan, ni dans les marchés fabuleux de la défense. Le malheur qui les frappe les libère en même temps de nos dettes patrimoniales. Us étaient nés, comme nous, débiteurs d’environ 250 francs par tête, l’annexion leur a donné quittance. Si la Prusse avait pu se résoudre à ne point bénéficier sur eux, ils seraient gouvernés presque gratuitement, comme les Suisses. Mais les Prussiens ne sont pas hommes à voir un écu devant eux sans y jeter la griffe. Au voisinage de l’argent, leurs doigts s’allongent. Le fer apprendra à se défendre contre