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ALSACE.

tience à leur service quand il s’agit de rendre et non de prendre.

Ils nous ont dit et répété sur tous les tons qu’ils séduiraient l’Alsace par le dégrèvement des impôts et par une large extension des franchises municipales ; et je crois qu’ils parlaient sincèrement. Par malheur, on ne se refait pas soi-même, quelque intérêt qu’on y puisse avoir si l’on est rapace et despote, on dépouille les gens et on les opprime sans y songer, presque malgré soi, par l’effet du tempérament et de l’habitude. C’est ce qui arrive aux Prussiens.

Les émissaires de M. de Bismark sont arrivés, pour ainsi dire, à la queue de l’armée allemande. Le maître les avait faits ou choisis à son image ; ils excellaient à cacher la finesse aiguisée de leur esprit sous une bonhomie toute ronde. Chez l’habitant des villes et surtout chez le paysan, il profitaient du désarroi des idées pour jeter leurs filets en eau trouble : « Ah ! mes pauvres gens, disaient-ils, vous avez trop souffert ; il était temps que cela finît. C’est un miracle du bon Dieu que vous ne soyez pas tous sur la paille, depuis deux cents ans que la France s’enrichit à vos dépens. Il y a, dans l’intérieur, des douzaines de départements qui n’ont jamais gagné leur vie ; on vous faisait travailler pour eux et Napoléon les nourrissait sur vos impôts. En avez-vous donné de cet argent ;