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HUIT JOURS D’ÉTUDE.

changement et quitter un pays intenable. C’est donc l’appât des gros traitements qui les attire. Ont-ils été nommés malgré eux ? Alors nous sommes administrés et jugés par une espèce de colonie pénitentiaire ; l’Allemagne garde pour elle les serviteurs honnêtes et capables, elle se décharge des autres sur nous. » On a déjà constaté que les gens du chemin de fer, tous serviteurs de l’État, courent au-devant du trinkgeld comme s’ils n’avaient fait autre chose de leur vie. Ils sont aussi mendiants qu’arrogants : ces mœurs font regretter les employés de l’Est, polis, complaisants et dignes, quoiqu’ils fussent les agents d’une compagnie privée.

Les intérêts de la population protestent contre le nouvel ordre de choses, comme ses sentiments, ses habitudes et ses idées.

Je ne parle que pour mémoire des réquisitions militaires, tantôt écrasantes, tantôt grotesques, dont on a ri et pleuré tour à tour : j’entends dire que la commune a payé quinze centimes, sur bon régulier, pour un verre remis à une paire de lunettes. Les charges publiques et privées que l’invasion a fait peser en un an sur une ville de 5,400 âmes où l’on ne compte pas dix familles un peu riches, font un total de 400,000 fr. Le vainqueur a promis d’en rembourser la plus grande partie, mais les Prussiens ont des trésors de pa-