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ils, de goûts plus relevés et plus délicats. L’homme qui ne sait pas se passer d’un mouchoir, peut bien être vaincu à la guerre par celui qui se mouche dans ses doigts ; c’est pourtant lui qui est le plus civilisé des deux, c’est-à-dire le plus différent de la brute. »

Le nouveau régime douanier, qui les astreint à consommer exclusivement des marchandises allemandes, a corroboré cette opinion. Malgré la modicité relative des prix, ils dédaignent les produits et les importations du Zollverein, ses tissus de mauvaise qualité et de goût pire ; ses cafés avariés, ses sucres mous et terreux, ses chocolats frelatés, ses tabacs nauséabonds. « Tout cela, disent-ils, est assez bon pour les Allemands ; mais la France nous avait accoutumés à mieux. »

Quel que soit le mépris des Alsaciens pour la race victorieuse en général, on ne leur ôtera pas de l’esprit quêteurs nouveaux fonctionnaires, ces hommes chiches, besoigneux et piteux, sont le rebut de la nation germanique. « Un homme qui se respecte un peu n’émigre pas pour le plaisir d’aller chercher des rebuffades et des camouflets. Ceux qui viennent vivre à nos dépens ne peuvent plus se faire illusion sur l’accueil qui les attend ; ils ont vu IcsBismark-Bohlen, les Luxbourg et tous ceux qui avaient un peu de dignité demander leur