Page:About - Alsace, 1875.djvu/63

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
49
HUIT JOURS D’ÉTUDE.

Je ne garantis point ces menus faits, je sais seulement qu’ils se racontent, et que leur colportage n’ajoute rien à la considération du vainqueur. Un nouvel employé court-il à la recherche d’un gîte, le bruit se répand qu’il demande un appartement de douze pièces, et qu’il en offre 200 francs. Si la femme d’un juge entre chez l’épicier avec sa bonne, toute la ville apprend qu’elle a fait ses grandes provisions de ménage, en achetant une demi-livre de savon. Les Prussiens, selon la légende, envoient leur saladier chez le marchand avec un sou dans le fond, pour qu’on leur donne du sel, du poivre, de l’huile et du vinaigre en échange du petit sou. On affirme que ces messieurs marchandent dans un style à part, et que, au lieu de dire : « C’est cher ! » ils s’écrient : « Vingt centimes ? mais je vais vous faire arrêter ! »

Je ne sais si le lecteur excusera ces observations microscopiques, mais je suis l’indigne élève de mon ami Charles Robin, et j’estime que la vie des sociétés, comme celle des individus, ne confesse ses secrets qu’au microscope.

La transplantation d’une colonie de salariés en Alsace a produit des effets que la politique de Berlin n’avait assurément pas prévus. Nos Alsaciens se sont affermis dans l’idée que, malgré leurs malheurs, ils sont plus civilisés que les Allemands. « Nous avons plus de besoins, disent-